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Article journal LE SOIR - Jeudi 07/10/2010 par Gilles Bechet.
About the Clemens's House by Pierre Blondel, architect, Belgium.

J'ai toujours été convaincu qu'on pouvait réaliser une maison qui exprime une certaine
audace avec un budget tout à fait raisonnable », affirme Pierre Clemens.

Avec sa façade blanche percée de fenêtres de gabarits différents qui ne semblent obéir à
aucune logique intérieure, la maison que le jeune artiste a fait construire à Forest tranche
avec les autres façades de cette rue de la commune bruxelloise.

Avec une famille qui s'agrandissait, le jeune couple commençait à se sentir à l'étroit dans
sa précédente maison. « Je ne pensais pas faire construire, mais en voyant l'architecte
Pierre Blondel expliquer dans une émission télé que la qualité n'était pas forcément
synonyme de grands moyens, nous avons sauté le pas
».

Le parti pris de simplicité affiché par l'architecte convenait parfaitement au maître
d'ouvrage passionné par l'architecture japonaise en béton. « J'ai cette image de ces
petites maisons de ville japonaises qui, derrière des façades très sobres, cachent des
merveilles d'agencement et d'intégration de l'espace
».

L'architecte a reçu carte blanche, la seule demande de Pierre Clemens était de pouvoir
disposer pour son travail artistique d'un studio spacieux, lumineux et en liaison directe
avec le reste de la maison.

Une maison fonctionnant à l'envers

Situé au rez-de-chaussée, le studio est donc la première pièce que l'on rencontre en
entrant dans la maison. En empruntant l'escalier vers les étages, on croise d'abord deux
chambres et puis la mezzanine qui permet d'apprécier les cinq mètres de hauteur de
plafond du studio. On arrive ensuite à la cuisine et puis au salon. « Quand on a vu le
terrain, explique l'architecte, on a constaté que les belles vues se trouvent côté rue, mais
en hauteur. C'est pour cela qu'on a opté pour une maison qui fonctionne à l'envers, en
commençant par l'atelier et en terminant par le séjour. Les pièces de vie s'organisent en
demi-niveaux qui communiquent par des vues en diagonale. La cuisine est en contrebas
du salon qui est séparé de la terrasse par une grande fenêtre.
»
En modulant les espaces autour de l'escalier plutôt qu'en subdivisant la maison, étage par
étage, en tranches régulières, on échappe à l'enfilade de pièces et on gagne en espace
et en lumière. Simplicité et économie ont guidé le choix des finitions. Dans le séjour, un
plancher en bambou et les murs blancs. Le choix de la couleur pour l'intérieur comme
pour l'extérieur relève de l'évidence. « Vu que notre pays n'est pas particulièrement
lumineux, on a cherché à faire entrer et retenir un maximum de lumière
», reprend Pierre
Clemens.

Dans la cage d'escalier et dans les murs, le béton respire et les coffrages apparents
apportent leur petite touche japonaise.

Des apports de chaleur réduits grâce à une bonne isolation

Le chauffage est assuré par une petite chaudière murale au gaz mais grâce à la qualité
de l'isolation, que l'on doit notamment aux 10 cm d'enduit posés sur la façade et
l'excellente ventilation, les apports de chaleur devraient être réduits au minimum. «* Une
fois qu'on ferme la porte, on est complètement isolé de l'extérieur. Jusqu'à présent, on n'a
pas encore dû apporter de la chaleur mais on attend encore de passer un hiver.* »
Enfin, des panneaux solaires sur le toit se chargent de réchauffer l'eau des sanitaires.
La façade blanche est complétée d'un panneau constitué d'une grande plaque de tôle
pliée percée de microtrous qui couvrent le système d'entrée et les garages. « On a voulu
faire quelque chose d'assez discret tout en préservant l'intimité des occupants
», note
l'architecte.

En dépit, ou à cause de sa simplicité radicale, la maison blanche a suscité plus qu'un
haussement de sourcils désapprobateurs dans le quartier. « Les gens sont désarçonnés
par la couleur de la façade et par la répartition des fenêtres qui leur paraît aléatoire, alors
que c'est l'expression de son plan particulier
», remarque le maître d'oeuvre.
Maintenant qu'il y habite depuis plusieurs mois, il peut juger sur pièce des conditions de
vie entre ces quatre murs dont il avait suivi l'évolution pas à pas. « La maison n'est pas
très grande, mais on n'a jamais l'impression de vivre dans quelque chose de petit.
»